4.48 Psychose de Sarah Kane
Durée. 1h10
Genre : Drame
mise en scène : Ulysse di Gregorio
scénographie : Benjamin Gabrié
costume : Salvadore Mateu Andujar

« La pièce parle d’une dépression psychotique et de ce qui arrive à l’esprit d’une personne quand disparaissent complètement les barrières distinguant la réalité des diverses formes de l’imagination. Si bien que vous ne faites plus la différence entre votre vie éveillée et votre vie rêvée »
C’est en ses termes que Sarah Kane parlait de son ultime opus à un journaliste.

Elle poursuivait :
« 4.48 Psychose est le récit fragmenté d’un personnage confronté à une institution médicale déshumanisée, d’un personnage en colère, morcelé, sans espoir, qui dans une logique de suicide, clame de manière lucide, limpide, cohérente une reconnaissance dans une atmosphère médicale. On assiste aux sentiments profonds du patient, à ses méandres intérieurs, à sa manière cohérente de vivre l’angoisse, à un décalage entre son univers intérieur et ce qu’en voient les médecins, à une panoplie de traitements médicamenteux… »
Dans ce maelström de mots apparemment incohérents, puisés dans son univers intérieur de chaos organisé, l’auteur tente de nous éclairer sur les ténèbres de son esprit illuminées par l’entrechoquement de mondes parallèles qui, comme autant d’achoppements de silex, fait jaillir la lumière crue et poétique des mots qui se prêtent à une mise en scène de l’abîme ouvert percé de flammes aussi fugitives que dévorantes.

SARAH KANE

NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE

Dans « comme une sorte d’Alaska » de Pinter, que j’ai récemment mis en scène, était déjà abordé la thématique de la frontière ténue entre rêve et réalité et le regard du patient face au monde médical qui ne l’entend pas, ni ne le comprend, mais veut le soigner, le guérir, même malgré lui, lui « patient » qui le devient de moins en moins ne se considérant pas comme malade.

Les mystères du labyrinthe de l’esprit sont aussi au centre de cette pièce de Sarah Kane mais portés à leur paroxysme par le style d’écriture et le substrat de son univers peuplé de silences et de cris, de mots susurrés ou éructés qui expriment les conflits intérieurs trop longtemps comprimés sous le couvercle du monde extérieur dérangeant, angoissant, cauchemardesque, sans espoir(s), ou si frêle qu’on n’y peut s’y rattacher.

Ce fil de la vie qui s’enroule comme une toile d’araignée autour de sa proie, quand il est trop lourd à supporter, la seule solution pour « en sortir » est de le rompre ; c’est la leçon que nous assène Sarah Kane, qui ne s’est pas contentée de l’écrire, la décrire, mais l’a expérimentée… mettant un terme à son existence comme un point final à son travail d’introspection psychotique.

J’ai voulu montrer cette souffrance, cette rage, ce désespoir de ne pouvoir espérer, dans cette pièce écrite avec l’encre de ses veines dont la pulsation doit s’entendre sur scène, et c’est pourquoi j’ai décidé de canaliser ces explosions en resserrant la scénographie et aussi le texte en le confiant à une seule actrice qui se fait porte-parole de tous les rôles, réels ou imaginaires, afin de focaliser la force éruptive de cette logorrhée incandescente qui percent les ténèbres d’un esprit à la frontière entre plusieurs mondes parallèles, là « où sont abolis la forme, qui fait sens, et le fond » pour reprendre les termes de l’auteur.

Théâtraliser un texte qui parle de sa mort comme but ultime, quand plus rien ne tient, tout se désagrège comme une vie qui part en morceaux d’un puzzle qu’on ne peut reconstituer, voilà la gageure que j’ai voulu relever en offrant au spectateur, témoin impuissant et captivé d’une action sacrificielle qui se déroule sous ses yeux incrédules et fascinés tout à la fois, une mise en abîme de ses propres interrogations.

ULYSSE DI GREGORIO

4.48 Psychose de Sarah Kane, mis en scène par Ulysse Di Gregorio

« […] On saluera l’audace d’Ulysse Di Gregorio de mettre en scène un texte si éprouvant, si noir et si violent. Julie Danlébac est exceptionnelle. Coupe à la garçonne, corps frêle, elle donne vie à la rage de Sarah Kane. Pas un bruit, la comédienne est seule. Les spectateurs garderont leur souffle coupé jusqu’à la fin. […] »
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« […] La tension ne faiblit jamais, Julie Danlébac intensifie la douleur, Ulysse Di Gregorio a pensé et construit son travail avec une précision implacable. […] »
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« […] Dans une sorte d’ascèse qui répond à l’intransigeance de l’auteure Sarah KANE, le metteur en scène Ulysse DI GREGORIO, offre aux spectateurs, une vision hallucinante d’un éclat de douleur étrangère et nue, terrible mais vivante.[…] »
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Julie Danlébac…………………………………………Sarah Kane

« A 4 h 48

quand le désespoir fera sa visite

je me pendrai

au son du souffle de mon amour… »