Une sorte d’Alaska de Harold Pinter
Traduction : Éric Kahane
Mise en scène : Ulysse Di Gregorio
Avec : Dorothée Deblaton, Grégoire Pallardy, Marinelly Vaslon
Lumières, décor : Benjamin Gabrié
Costumes : Josephus Melchior Thimister
Durée : 1h20
Présenté au Théâtre des Déchargeurs en 2013
LA PIECE
Déborah, jeune femme âgée de 31 ans et affectée d’une pathologie se réveille après un sommeil léthargique de 16 années. On assiste, avec le Dr Hornby qui a pris soin d’elle pendant ses années de coma et fini par épouser sa sœur Pauline, à son réveil. Déborah va devoir accepter et intégrer ces 15 longues années de non-vécu et pouvoir enfin exister dans une réalité commune.
NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE
La mort de Pinter a été pour moi l’occasion de redécouvrir son oeuvre, de me plonger dans ses écrits et films. J’avais d’abord travaillé le rôle d’Edward dans Une petite douleur, dans le cadre de ma formation théâtrale, avant d’interpréter celui de Duff dans Paysage à l‘Aktéon en 2011.
Pour cette troisième mise en scène (après Roberto Zucco de Bernard- Marie Koltès au théâtre 13 et Voix du sang d’Harold Pinter au théâtre de Ménilmontant), ce qui m’a principalement séduit, c’est l’évocation de ce réveil, après une longue période de sommeil. Comment retrouver sa place au sein d’un monde que l’on ne possède plus ?
Le temps est au centre de ce texte. En particulier sa relativité, directement liée à la perception de la réalité qu’en ont les personnages. Les fractures temporelles font écho aux fractures relationnelles entre les êtres… L’action a beau se dérouler dans une seule unité de temps, la perception qu’en a le personnage principal (Deborah) est faussée.
Le rapport d’âge est également au coeur de ces pièces. Le sommeil soustrait à la conscience du vieillissement et brise les liens familiaux: amour pour une jeune femme qui annihile toute autre réalité, complexité de recréer des liens brisés par l’absence, etc.
C’est cet aspect de confrontation à la jeunesse insouciante, oublieuse du temps et créatrice de réalités nouvelles que ce spectacle voudra mettre en lumière. Quand on aime, quand on dort, quand on est mort, dans quelle autre réalité temporelle est-on ? Dédouané, libéré des inquiétudes, des devoirs, des échéances ?
Fuit-on alors la réalité ou s’échappe-t-on de la prison d’une temporalité finalement suggestive ?
Telles sont les questions que cette pièce soulève en chacun de nous…
Ulysse Di Gregorio



